Comment un " conquérant du monde " devint l'esclave d'une femme. L'historiographie de l'empereur moghol Jahāngīr (r. 1605-1627)

National audienceAmong all the emperors of what has sometimes been termed the Mughal " golden age " (1556-1707), Jahāngīr (1605-1627) is certainly the one whose political competence has been deemed the weakest. Systematically described as a pale continuator of his famous predecessor Akbar (1556-1605), he is especially vilified for having given up the reins of government to his favourite wife Nūr Jahān. While this grey legend remains to this day part of the received wisdom concerning Jahāngīr, it is actually the result of two distinct historiographical traditions: the accounts of the Europeans who visited the empire in the first quarter of the 17th century, and the Mughal chronicles composed during the reign of Shāh Jahān (1628-1658), the son and successor of Jahāngīr.Parmi tous les empereurs de ce qu'on a parfois appelé l'" âge d'or " moghol (1556-1707), Jahāngīr (r. 1605-1627) est certainement celui auquel on a prêté le moins de qualités politiques : systématiquement présenté comme un pâle continuateur de son illustre prédécesseur Akbar (r. 1556-1605), il est particulièrement stigmatisé pour avoir abandonné les rênes du gouvernement à son épouse favorite Nūr Jahān. Bien qu'elle soit aujourd'hui encore acceptée comme une forme de sagesse reçue, cette légende grise dérive en réalité de la confluence de deux courants historiographiques bien distincts -- le premier fondé sur les témoignages des Occidentaux qui séjournèrent dans l'empire moghol au XVIIe siècle, le second s'incarnant dans la massive historiographie de Shāh Jahān (r. 1628-1658), fils et successeur de Jahāngīr